Petite histoire de la grotte
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Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le docteur Frédéric Alexandre Le Fèvre, propriétaire du terrain, décida de creuser un puits à l’entrée de la grotte du Lazaret, traversant ainsi l’ensemble des dépôts archéologiques.
Conscient de l’intérêt paléontologique et préhistorique de ses découvertes, il les signala au paléontologue Emile Rivière qui publia une première note scientifique en 1882.
Au cours du XXe siècle, le gisement a fait l’objet de différentes campagnes de fouilles méthodiques réalisées tout d’abord dans les années 1950 par le Commandant François Charles Ernest Octobon, puis par le Professeur Henry de Lumley à partir de 1962.
Un gisement préhistorique d’intérêt scientifique et culturel international
La grotte du Lazaret a été occupée à de nombreuses reprises par des hommes préhistoriques, au cours d’une période glaciaire, entre environ - 190 000 et -120 000 ans.
Les hommes préhistoriques n’ont pas occupé la grotte de façon continue. Du fait de leur mode de subsistance, ils étaient nomades et occupaient des habitats temporaires selon les saisons et les migrations des espèces animales.
De tout temps, ces populations ont eu recours aux entrées de cavités ou aux abris sous roche pour se protéger.
Dans le cas de la grotte du Lazaret, à ce jour, 29 niveaux d’occupation humaine, représentant une épaisseur de 2,5 à 3 mètres de sédiment environ, ont été identifiés. Certaines occupations humaines ont été courtes (quelques jours ou quelques semaines) et d’autres plus longues (une saison ou plus). Des ossements d’herbivores présentant des traces de rognage ou de digestion attestent du passage de grands carnivores dans la grotte, en l’absence de l’homme.
Depuis plus d’un siècle, les fouilles menées dans la grotte ont permis d’exhumer des centaines de milliers d’objets archéologiques qui permettent d’appréhender les sociétés préhistoriques à une époque charnière où les populations d’Europe occidentale achèvent le lent processus d’évolution en hommes de Neandertal et accèdent à une maîtrise nouvelle de l’outillage. Elles abandonnent progressivement le biface au profit d’outils retouchés plus standardisés (tels que les racloirs) et d’éclats à la forme prédéterminée (débitage de type Levallois). Le développement de ces techniques plus complexes de taille de la pierre par les hommes préhistoriques constitue une évolution culturelle majeure.
Les hommes du Lazaret ont élaboré une stratégie de subsistance reposant sur une chasse spécialisée et ciblée sur le cerf. Ils évoluaient dans des paysages contrastés, alternant steppes herbacées et zones boisées, dans lesquels se trouvait une faune abondante et très diversifiée, composée notamment de cerfs, de bouquetins, de chevreuils, d’aurochs, de bisons, d’éléphants ou encore de lions des cavernes, d’ours et de loups.
A ce jour, 28 restes humains ont été identifiés dans le remplissage de la grotte du Lazaret ce qui souligne l’importance du site.