L’outillage de l’homme du Lazaret
L’outillage en pierre retrouvé sur le site est très abondant. Grace à cette richesse et parce que les strates de remplissage permettent une observation sur une durée supérieure à 50 000 ans, la grotte du Lazaret est un des rares sites préhistoriques qui documente la transition entre les cultures acheuléennes (Paléolithique inférieur) et moustériennes (Paléolithique moyen).
Les occupants de la grotte du Lazaret ont recouru à des méthodes variées (façonnage, débitage et confection) pour produire des outils.
Les galets aménagés sont présents tout au long du remplissage de la grotte du Lazaret. Ils sont souvent de bonne facture et généralement élaborés sur des galets en calcaire marneux.
Les bifaces de la grotte du Lazaret ont préférentiellement été façonnés dans des galets provenant de roches disponibles à proximité immédiate du site (principalement calcaire marneux, calcaire et quartzite), notamment dans les alluvions du Var ou du Paillon.
Les outils confectionnés par retouche d’un éclat sont représentés par des grattoirs, des racloirs, des pointes ou des lamelles qui sont généralement standardisés et de facture soignée. Parmi ceux-ci, on notera une proportion non négligeable d’éclats issus d’un mode particulier de débitage : le débitage Levallois (éclat de forme prédéterminée obtenu par une préparation soigneuse du support avant le détachement dudit éclat).
Le comportement de subsistance de l’homme du Lazaret
La conservation exceptionnelle de certains niveaux archéologiques de la grotte et la minutie des fouilles opérées au cours des dernières décennies ont permis de mieux comprendre et de mieux connaître le mode de vie des communautés humaines qui ont occupé la grotte du Lazaret.
Les hommes du Lazaret ont élaboré une économie et une stratégie de subsistance reposant sur une chasse spécialisée et ciblée sur le cerf. En période froide, le bouquetin, le bison et le chamois ont constitué les proies secondaires. Au cours des épisodes plus tempérés, le chevreuil ou l’aurochs ont contribué à varier le régime alimentaire des occupants de la grotte.
Les nombreuses stries de découpe visibles sur les ossements de grands mammifères attestent de techniques élaborées de boucherie et d’une exploitation maximale des carcasses (récupération de la viande, de la moelle et de la peau). La présence de tous les éléments du squelette des herbivores indique que les animaux chassés étaient ramenés dans la grotte, soit entiers, soit après avoir été découpés en gros quartiers sur le lieu d’abattage.
Enfin, certains ossements de carnivores, notamment le loup et la panthère, présentent des traces de décharnement qui peuvent résulter d’une une activité de récupération de la fourrure.
La place de l’homme du Lazaret dans l’évolution humaine
A ce jour, 28 restes humains ont été identifiés dans le remplissage de la grotte du Lazaret ce qui souligne l’importance du site.
L’homme du Lazaret s’inscrit dans la lignée évolutive qui mène en Europe, d’Homo heidelbergensis (ou Homo erectus au sens large) à Homo neanderthalensis, l’homme de Néandertal.
Les paléoanthropologues s’accordent à penser que les caractères néandertaliens se mettent en place de façon lente et progressive en Europe à partir de - 500 000 ans environ et aboutissent, vers - 120 000 ans, à l’apparition des formes classiques de l’homme de Néandertal (Homo neanderthalensis).
La grotte du Lazaret constitue par conséquent un site de référence pour comprendre l’émergence de l’homme de Néandertal.